Ce « château », c’est Albert qui le fait construire : une maison de maître en pierres et briques, recouverte d’ardoises et bordée de trois tourelles (deux latérales et une centrale). L’édifice comprend 14 pièces à vivre et est équipé de tout le confort moderne pour l’époque. Il se situe au centre d’un vaste terrain qu’Albert Marçais ne cesse d’agrandir au fil des années.
Passionné de plantes et de fleurs, Albert Marçais aménage un immense jardin avec beaucoup de goût et de diversité sur sa propriété du Val-de-l’Eau, la Villa des Camélias (également appelée château du Val-de-l’Eau). Ce parc, qui s’étend sur près de deux hectares, comprend un grand potager, un jardin fruitier ainsi que plusieurs jardins thématiques (alpin, japonais, romain et d’hiver). Parmi les cinq serres qu’il fait construire, l’une est entièrement consacrée aux orchidées. Ce jardin d’hiver, comme l’appelaient les habitants, était chauffé.
La propriété compte également plusieurs petites maisons et bâtiments : un atelier, une écurie, une remise, une orangerie, une immense oisellerie abritant une centaine de serins, un aquarium géant, ainsi qu’un court de tennis. L’entretien de cet ensemble est assuré par dix jardiniers et un chef jardinier.
Albert Marçais entreprend d’importants travaux paysagers : il fait acheminer des tonnes de rochers par train, construit un château d’eau et érige un barrage sur la rivière. Cependant, ces aménagements ne sont pas toujours du goût de ses voisins. Ainsi, en 1904, à la suite de la plainte d’un riverain, la commune le contraint à détruire son barrage.
Membre du conseil municipal, il obtient en 1921 l’autorisation d’installer une passerelle au-dessus de la rue du Val-de-l’Eau afin de relier ses différentes propriétés.
Une habitante du Val-de-l’Eau se souvient :
« Des autocars venaient parfois, et des dizaines de personnes visitaient les jardins… Peut-être des visites horticoles ? Il y avait tellement de fleurs et d’arbres… ‘Albert Marçais’ était écrit en fleurs. »
Il est vraisemblable qu’Albert Marçais ait voulu faire des Camélias un véritable jardin botanique.
Après son décès, ses biens sont dispersés. Les rumeurs de guerre poussent la famille Delmotte à acheter la villa, mise en vente. Madame Delmotte et ses deux filles viennent alors s’installer à Saint-Sulpice. Elles continuent d’entretenir la propriété avec l’aide d’un jardinier et d’un couple chargé du ménage.
Dans les années 1980, un incendie entraîne l’abandon de la maison et du parc. Peu après, une série télévisée consacrée aux films fantastiques, Les Accords du Diable, y est tournée et diffusée sur La Cinquième.