L’église

L’église pittoresque de Saint-Sulpice, perchée sur une colline dominant la région, était autrefois visible de très loin. Au XIXe siècle, des savants de l’Athénée du Beauvaisis, en étude sur le mont César à Froidmont, décrivaient un panorama saisissant où elle apparaissait majestueusement entourée de hameaux. Aujourd’hui, la végétation dense masque cette vue, mais une autre perspective remarquable s’offre aux voyageurs venant de Paris par l’A16.

Curieusement isolée du village, l’église se situe sur un tertre longeant la chaussée Brunehaut, entourée d’un cimetière. Certains suggèrent qu’il s’agit d’un tumulus préhistorique, tandis que d’autres pensent qu’un monument celtique ou un poste d’observation romain l’a précédée. Les recherches archéologiques ont révélé des traces d’un habitat néolithique. L’église actuelle, reconstruite à différentes époques, témoigne de cette longue histoire.

D’abord une simple nef romane du XIe siècle, en pierre crayeuse, elle fut remaniée aux XVIIIe et XIXe siècles. Son croisillon nord fut rebâti au XVIIIe, ses fenêtres alternant brique et pierre, tandis que le croisillon sud, du XVIe, soutient le clocher surmonté d’une flèche en bois couverte d’ardoises. La cloche Suzanne, bénie en 1661, remplace une cloche antérieure. Le chœur gothique, surélevé et voûté d’ogives, date de 1446 et 1556, comme l’indiquent les inscriptions.

Les vitraux, offerts en 1937 par des habitants, représentent des figures saintes et leurs donateurs. La famille Masselin-Gourdin a notamment financé certains vitraux, parmi lesquels figurent des saints peu communs, choisis en hommage à des proches.

L’église conserve plusieurs pierres tombales de seigneurs de Crécy, dont Loÿs Deschamps dit Morel (1604) et Estienne Morel (vers 1550). Une plaque funéraire d’Augustin Bonnardy (1747), inscrite aux monuments historiques en 2009, témoigne de son testament. On distingue aussi des vestiges de litre funéraire, rappelant l’ancien droit seigneurial d’inhumation.

Un orgue personnel du docteur Marçais, donné à l’église après sa mort, est installé dans le croisillon sud. On y trouvait aussi un autel de Saint Nicolas du XVIIe siècle, remplacé par un autre du XVIIIe dédié à la Vierge. Un testament de 1732 mentionne un legs pour l’éducation gratuite des garçons de la paroisse.

Les statues, souvent de style « sulpicien », incluent Sainte Philomène, Saint Sulpice, Saint Joseph et Sainte Thérèse. La chaire a été remplacée par une croix du calvaire. Le chemin de croix en plâtre a cédé la place à une version plus simple en bois.

L’église de Saint-Sulpice, témoin de l’histoire régionale, demeure un patrimoine architectural riche, chargé de mystères et de mémoire.